La cour des défis

2018

Installation au sein du collège, dans le cadre du contrat local d’éducation artistique de la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer

La cour des défis est née dans un collège classé en REP+. Initialement, l’équipe éducative rencontrait de grandes difficultés à rassembler les élèves et pour faciliter leur montée en classe, la cour de récréation a été transformée en «parking à élèves». Là où son dessein premier est de favoriser la libre circulation des élèves dans leur temps libre et de leur permettre de s’aérer l’esprit, la cour de récréation était graphiquement devenue un assemblage de cases où ils étaient enfermés. Aussi, en une semaine, élèves et membres de l’équipe éducative volontaires ont établi qu’il fallait redonner du sens à cet espace et ont réalisé cette cour de défis. A l’image d’une cour des miracles avec ses propres règles, son propre langage et son instruction si spécifique, la cour des défis a été élaborée de manière à renouer avec la nature première de la cour de récréation: celle du jeu.

Les cases servant à rassembler les élèves et à les isoler les uns des autres lors de la montée en classe ont été réinterprétées comme un jeu de l’oie. En effet, chaque case correspond à un défi lié à une matière enseignée dans l’établissement. En suivant le parcours en équipe, les élèves de toutes les classes peuvent ainsi être ensemble et surtout se mesurer les uns aux autres pour progresser. Les objectifs éducatifs et pédagogiques sont donc sous-jacents à l’objet artistique et ludique imaginé permettant d’établir une symbiose dans l’appropriation d’un espace par l’art.

Et si on construisait notre Manège ?

2018

Installation au sein de l’APEI, dans le cadre du contrat local d’éducation artistique de la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer

Le manège a été réalisé avec des enfants et des adultes porteurs de handicap d’Etablissement et Service d’Aide par le Travail. Le travail du bois étant prépondérant dans cet établissement, l’objectif était de permettre une approptiation artistique d’une technique connue et maîtrisée par le public.

De fils en aiguilles, il est apparu au cours des échanges, qu’une fascination pour les fêtes foraines et notamment la locale «ducasse» était très présente chez le public et les membres de l’équipe de l’ESAT. Aussi, l’idée d’un manège a progressivement émergé.

Ce manège à rotation intégrée a permis de révéler les imaginaires des participants et a renforcé le caractère féérique inital des arts forains. En effet, guidés par des références historiques, animalières, culturelles voire cultuelles, les participants ont fait de ce manège un monde étrange, une sorte de parenthèse enchantée, un cabinet de curiosité de plein air qui renoue ainsi, en étant accessible à tous, avec la qualité populaire des foires foraines.

L’uniforme et le migrant

2018

Série photographique, dans le cadre du Contrat Local d’éducation Artistique, communauté d’agglomération du pays de Saint-Omer

Dans le cadre d’une résidence auprès des migrants accueillis par France Terre d’Asile la question des frontières a été abordée. Les frontières ne s’estompent pas lorsque les obstacles physiques ont été dépassés. Et ces frontières mentales sont de loin les plus complexes à franchir. Les jeunes hommes ne désiraient qu’une chose: disparaître, se fondre dans le décor et quoi de plus efficace pour être dissipés dans la masse que l’uniforme :

-«uni»- «forme»: une seule forme de même aspect
-«uni»- «forme»: qui présente partout et toujours la même forme
-«uni»- «forme»: simplicité voire ennui
-«uni»- «forme»: ensemble dans un tout

Si la République a choisi pour ses représentants l’uniformité c’est bien pour faire prévaloir l’un des principes fondamentaux de la démocratie: l’égalité. Paradoxalement, la démocratie et ses représentants sont en souffrance voire en crise et les uniformes plutôt malmenés… Que dire en effet de ces policiers qu’ «on» caillasse ? De ces gardiens qu’ «on» agresse ? De ces médecins qu’«on» insulte ? De ces élus qu’«on» méprise ?

Conscients ou non de ces paradoxes, les participants ont changé de peau en revêtant l’uniforme afin de mettre au placard le passé, de se laisser le droit à un avenir et d’être comme monsieur tout le monde. Pris en photographie dans les espaces liés aux métiers représentés par l’uniforme, l’anecdote veut que les passants aient crus qu’ils étaient médecin ou encore représentant des forces de l’ordre…